Les cellules Natural Killer : quand l’immunité innée rencontre les mémoires profondes (Ayurvéda & sciences modernes)
L’immunologie moderne décrit les lymphocytes Natural Killer (appelés cellules NK) comme les gardiens les plus rapides de notre immunité innée. Elles identifient en quelques instants les cellules infectées, anormales ou affaiblies et les neutralisent sans apprentissage préalable.
Elles incarnent, dans le langage contemporain, une forme d’intelligence protectrice du corps.
Mais la question revient souvent dans ma pratique :
Ces cellules innées peuvent-elles être influencées par des héritages transgénérationnels, des mémoires émotionnelles profondes ou même par le karma, tel que le conçoit l’Ayurvéda ?
La réponse est : oui, de manière indirecte mais très cohérente, si l’on relie la biologie à la vision ayurvédique du vivant.
1. Ce que dit la science moderne : l’immunité innée influencée par l’épigénétique
Bien que les cellules NK ne possèdent pas de mémoire immunitaire classique, leur fonctionnement est modulé par :
-le stress chronique,
-la régulation hormonale,
-l’environnement,
et surtout… l’épigénétique.
L’épigénétique montre que certaines expériences traumatiques vécues par un parent : famine, guerre, violence, anxiété extrême qui peuvent laisser une empreinte sur l’expression des gènes des générations suivantes.
Ces modifications peuvent :
- amplifier la réactivité au stress,
- affaiblir les réponses immunitaires innées,
- diminuer l’activité cytotoxique des cellules NK.
En clair : un trauma non digéré peut traverser les générations et moduler la force de l’immunité innée.
2. Comment l’Ayurvéda comprend ces phénomènes
Bien avant l’épigénétique, les textes ayurvédiques décrivaient déjà l’influence des mémoires profondes sur la santé et en particulier sur les fonctions équivalentes à notre immunité innée.
a) Kulaja Vikara : l’héritage transgénérationnel
Mentionné dans Ashtanga Hridaya (Nidanasthana 12), il décrit :
- les tendances de santé héritées,
- les vulnérabilités familiales,
- les dispositions inscrites dans les dhatus dès la conception.
L’immunité innée correspond dans ce cadre à Sahaja Bala, la force présente dès la naissance.
b) Daiva / Purva-karma : ce qui vient avant la naissance
Charaka Sharira Sthana explique que les effets du karma passé peuvent :
-orienter la vitalité,
- influencer ojas (l’essence protectrice),
- moduler la capacité de résilience (vyadhi-kshamatva).
Un terrain fragile, une immunité instable, une sensibilité accrue : autant de manifestations somatiques possibles d’empreintes karmiques.
c) Manas - les mémoires émotionnelles non digérées
Les émotions profondes , chocs, peur, deuils, manque de soutien augmentent vata, dérèglent agni et diminuent ojas.
C’est précisément le terrain où l’immunité innée devient moins efficace.
Les textes décrivent cela comme des adhyatmika roga : les maladies nées d’un déséquilibre intérieur.
3. Synthèse : quand le subtil rencontre le biologique
- Héritage transgénérationnel (Kulaja Vikara): Fragilisation de rasa et rakta/ Réactivité NK diminuée
- Stress ancestral transmis (épigénétique):Sensibilité accrue au cortisol / Baisse de l’activité NK
- Karma / Purva-karma: Orientation du terrain immunitaire/ Immunité innée plus ou moins stable
- Émotions non digérées: Baisse d’ojas, augmentation de vata. /Défense innée irrégulière
Les cellules NK "n’intègrent” pas ces mémoires en elles-mêmes.
En revanche, leur efficacité dépend du terrain et ce terrain, lui est directement influencé par :
- notre histoire,
- nos lignées,
- nos expériences profondes,
et nos empreintes karmiques.
Ainsi, l’Ayurvéda et la science nous disent la même chose… avec deux langages différents.
Références traditionnelles (pour un lecteur averti)
Charaka Samhita, Sutrasthana 17.74 – description de l’Ojas comme fondement de la vitalité et de l’immunité.
Ashtanga Hridaya, Sutrasthana 11.1-3 – trois formes de force : Sahaja (innée), Kalaja (cyclique), Yuktikruta (acquise).
Charaka Samhita, Vimanasthana 7.30 – définition de vyadhi-kshamatva, capacité du corps à prévenir et réduire la gravité des maladies.
Sushruta Samhita, Sutra 15.48 – rôle protecteur de rakta et stabilité des tissus.